Donner le pouvoir aux partis politiques

Au premier tour des élections présidentielles de 2002, les trois meilleurs candidats furent: Jacques Chirac (UMP), Jean-Marie Le Pen (FN) et Lionel Jospin (PS). L'éclatement des votes a été tel que même le plus populaire d'entre eux a recueilli le suffrage de moins de 14% des inscrits. Donc, quel que soit le résultat final, il y aura plus de 86% de mécontents.

Il existe une meilleure solution. Les 86% qui ont refusé de voter Chirac, pourquoi les forcer à lui obéir? N'est-ce pas un peu autoritaire sur les bords? Les électeurs du PS n'ont qu'à être administrés par le parti socialiste. Et ceux du FN par Jean-Marie Le Pen.

Scindons l'état en 3 parties sensiblement égales: l'état-UMP, l'état-FN et l'état-PS. Au sein de chaque administration, on peut supposer qu'il y a la même proportion de sympathisants de chaque parti que dans le reste de la population. Donc par exemple le ministère de la justice se scindera en un ministère de la justice-UMP, un ministère de la justice-FN et un ministère de la justice-PS, avec les fonctionnaires de chaque sensibilité. Chaque Français décidera par lequel des 3 partis il veut être administré. Il paiera ses impôts à celui des 3 partis qu'il préfère, obéira les lois promulguées par le parti dont il dépend, et s'adressera aux policiers et aux juges de ce parti pour sa protection.

Pourquoi s'arrêter là? A terme, de plus petits partis tels que l'UDF et Lutte Ouvrière pourront faire de même, s'ils attirent une masse critique de contribuables demandant à être administrés par eux et prêts à leur adresser le chèque des impôts. Ensuite de nouveaux partis se formeront, non pour disputer des élections, car il n'y en aura plus, mais dans le but unique de proposer des prestations de police, de justice et d'administration calibrées pour attirer un certain segment de la population.

L'état français n'existera plus au singulier.

L'avantage de cette méthode est que les partis politiques majeurs la soutiendront car cela accroîtra leur pouvoir. Selon la théorie dite de la micropolitique, c'est la condition sine qua non pour qu'une mesure soit politiquement réalisable: il faut que toutes les parties prenantes y trouvent leur intérêt.

Ce n'est pas le gouvernement que je veux changer, mais la liste des gens avec qui conjointement je désignerai le gouvernement. Plus cette liste sera courte, plus il y aura de chances que nous nous entendions sur la meilleure manière d'être gouvernés.

2 commentaires:

Libéralisateur a dit…

Bastiat a dit il y a presque 2 siècles, que "l'Etat est cette chimère où chacun d'efforce de vivre aux dépens de tous les autres".

Dans ces conditions on est loin que ces gens là choisissent de vivre d'abord au dépens de leurs amis. Il s'agit d'abord pour eux d'asservir les autres et d'en faire le moins possible.

Cordialement

Gallatin a dit…

Oui, peut-être ai-je été un peu optimiste en supposant que les responsables politiques seront spontanément favorables à cette idée.

A mon avis, c'est ça qui manque le plus en ce moment: une théorie de la transition vers l'absence d'état.

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