Présentation

Pour commencer mon blog j'ai écrit une série d'articles qui se suivent selon une progression logique pour exposer le cœur de mon système de pensée.

Vous pouvez lire le tout en cliquant ici:

La liberté en France


Ça se lit du haut en bas, pas comme un blog normal mais comme un livre normal. Je l'ai aussi découpé en 2 parties qui peuvent se lire chacune son tour:

  1. Fondations du libéralisme
  2. Résoudre le problème de l'état

Après ce survol initial j'ai publié le reste comme un blog normal: sans classement logique contraignant, les articles les plus récents en haut. Bonne lecture! A suivre...

Bonjour

Voilà, je me lance. Premier article sur mon blog. J'ai des idées, des opinions qui dérangent. Je le sais, mes amis et mes collègues me le disent assez! Alors je vais les publier mon blog. J'ai besoin de trouver ma voix, mon ton, mon style. Mon rythme. Après, advienne que pourra.

Je suis libertarien. Ou anarcho-capitaliste. En France, on peut dire aussi tout simplement et plus élégamment: libéral. Pas tendance Alain Madelin, tendance Pascal Salin. Vous le connaissez? Il a publié un livre-référence en 2000 aux éditions Odile Jacob intitulé: "Libéralisme". Pour mémoire, c'est un ancien président du jury d'agrégation d'économie. Pas n'importe qui, donc. Aussi un ancien président de la société du Mont Pèlerin, qui est la société internationale d'intellectuels libéraux la plus prestigieuse du monde. Elle a été fondée en 1947 par Friedrich Hayek (prix Nobel d'économie 1974).

Ceci n'est pas un blog dédié à Pascal Salin. Son livre définit de manière correcte, moderne et française le terme libéralisme. C'est un grand mérite. Je le vois comme un point d'ancrage. Grâce à lui, je peux me définir comme libéral sans ambiguïté. Mais la pensée libérale contemporaine ne se réduit pas à un livre, ni un homme: elle est multiple, évolutive et très provocante.

Ce n'est pas non plus un blog dédié à la société du Mont Pèlerin. Il faut savoir que le mentor de Hayek, le grand économiste Autrichien Ludwig von Mises, a claqué la porte de l'un des congrès en adressant à Milton Friedman (prix Nobel d'économie 1976) et aux autres participants l'insulte suprême: "Vous n'êtes qu'une bande de socialistes!". Quand on sait ce que les socialistes pensent de Hayek, de Friedman, de la société du Mont Pèlerin et des libéraux en général, ça vaut son pesant de cacahuètes... Tout ça pour dire que même chez les libéraux il y a des courants. Personnellement je suis du côté de Mises sur ce coup-là.

Finalement, ceci n'est pas un blog dédié à l'économie. La pensée libérale est une idéologie universelle qui recouvre tous les aspects de l'organisation sociale et de la condition humaine. Comme l'économie est un domaine qui ne pardonne pas les erreurs, c'est là que la supériorité à la fois morale et pratique du libéralisme est la plus éclatante. Mais, dans une certaine mesure, l'économie est la dimension la moins intéressante du libéralisme. La politique et la morale sont les dimensions les plus intéressantes, et les moins discutées. Mon blog leur est consacré. Et ça va décaper, parce que la politique et la morale, ça touche tout le monde et ça appuie là où ça fait mal...

Les articles de novembre constituent une introduction aux thèmes fondamentaux du libéralisme. Ils sont classés selon une progression logique qui part de la définition du libéralisme et aboutit à une analyse libérale des défauts de la démocratie. Les articles d'octobre appliquent ces principes libéraux à un problème social ô combien d'actualité. Ils sont classés dans le même ordre de progression logique que ceux de novembre. Les articles de décembre, eux, ne sont pas classés.

Mon pseudonyme Gallatin vient du roman de science-fiction libertarien The Gallatin Divergence par L. Neil Smith. Ce roman évoque le personnage historique réel Albert Gallatin, le Suisse qui fut l'un des plus proches collaborateurs de Thomas Jefferson.

A suivre...

Libéralisme

J'ai extrait de Wikipedia une liste des principes du libéralisme qui résume assez fidèlement mes opinions. Il ne faut jamais laisser à nos adversaires le soin de le définir le libéralisme. Et puis je préfère jouer cartes sur table par respect pour les lecteurs.

Définition

Le libéralisme est un courant philosophique qui repose sur l'idée que chaque être humain possède des droits naturels sur lesquels aucun pouvoir ne peut empiéter, qui sont le droit à la vie, la liberté et la propriété.

Auteurs

Jean-Baptiste Say, Frédéric Bastiat, Charles Dunoyer, Gustave de Molinari, Ludwig von Mises, Friedrich Hayek, Murray Rothbard, Pascal Salin.

Droits naturels

Le fondement de la pensée libérale est une théorie du droit selon laquelle chaque être humain est seul maître de lui-même et possède des droits fondamentaux et inaliénables qui découlent de sa simple existence et sont inhérents à la nature humaine. Ces droits sont: le droit à la vie, le droit à la liberté et le droit à la propriété.

Du droit à la vie découlent le droit de légitime défense contre toute agression, le droit à la sûreté et le droit de résistance à l'oppression.

La définition de la liberté individuelle la plus courante est celle de l'article 4 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789: "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui: ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. "

La liberté se traduit par le droit pour chacun d'agir comme il le décide pour poursuivre ses objectifs propres par ses moyens propres, d'échanger, de s'associer et de contracter librement.

Le droit de propriété est le droit pour chaque individu de disposer à sa guise du fruit de son activité et des richesses qu'il a créées ou acquises de façon légitime, ainsi que de s'approprier toute chose (par exemple l'espace qu'il occupe ou l'air qu'il respire) qui n'est pas déjà la propriété d'un autre individu. Ces droits ont un caractère universel. Ils sont applicables à tous les êtres humains, à tout moment et en tout lieu.

Un droit naturel se distingue d'un droit positif en ce que son exercice ne suppose rien quant à l'action d'autres personnes et qu'il ne découle pas d'une définition législative.

Personnalité, Liberté, Propriété [...] sont antérieures et supérieures à toute législation humaine.

La loi (1850), de Frédéric Bastiat.

Ethique libérale

La morale libérale se résume à un seul précepte: " tu ne violeras pas les droits naturels d'un autre être humain ". Elle laisse chacun libre de choisir ses propres fins, ses propres moyens et sa propre morale, dans la mesure où il n'empêche pas les autres d'en faire autant.

Réciproquement, ces droits impliquent des obligations qui forment le noyau d'une morale personnelle. Ils impliquent l'interdiction de toute agression contre l'intégrité de la personne, du meurtre, du vol et de l'esclavage sous toutes leurs formes.

À part cela, le libéralisme ne prescrit aucun comportement particulier au niveau individuel. Il considère que la morale et les religions sont hors de son domaine et se borne à interdire l'usage de la contrainte en matière religieuse ou morale, comme dans toutes les autres matières.

La responsabilité, inséparable de la liberté et de la propriété, dit que chaque individu doit supporter les conséquences de ses actions, bonnes ou mauvaises. C'est une condition de la liberté: si autrui devenait responsable de nos actions, il devrait acquérir l'autorité pour nous imposer ses vues et donc restreindre notre liberté. C'est aussi une composante de la sûreté d'autrui.

Le libéralisme n'est pas l'absence de règles de droits. Le droit est formé d'une part par les droits naturels de chacun, et d'autre part est le produit des contrats passé entre eux par les individus.

Aspect social

Rien dans le libéralisme ne s'oppose aux actions collectives, à condition que les associations qui les entreprennent soient entièrement volontaires et n'exercent aucune contrainte ni sur leurs membres, qui doivent pouvoir les quitter librement, ni sur les autres individus.

Selon les projets auxquels il veut participer, chaque être humain peut appartenir à un nombre quelconque de communautés, chacune ne pouvant lui demander que ce qui est nécessaire à la réalisation de son objet particulier. La société libérale idéale n'est ni une juxtaposition d'individus égoïstes étrangers les uns aux autres, ni une juxtaposition de communautés séparées, mais plutôt un enchevêtrement d'associations volontaires de toutes natures à travers lesquelles chacun peut travailler aux fins qu'il se donne, en coopérant librement avec ceux qui partagent tel ou tel de ses idéaux.

Aspect économique

Tout accord librement consenti ou ensemble d'échanges librement consentis augmente la satisfaction des participants telle que perçue par chacun d'entre eux, car s'il en était autrement, celui qui se sentirait lésé refuserait cet accord qui n'aurait donc pas lieu. La liberté d'échanger et d'entreprendre est vue à la fois comme un cas particulier du principe philosophique de liberté, donc un impératif moral qui s'impose indépendamment de ses conséquences, et comme un moyen qui conduit le plus probablement à la plus grande satisfaction générale.

A suivre...

Avoir des convictions

Eh oui, je crois à quelque chose. Ce n'est pas à la mode ces temps-ci. Il est de bon ton de prôner un relativisme systématique. Toute croyance un peu robuste est représentée comme une sorte d'oppression intellectuelle.

Et pourtant, croire au principe qu'on ne doit plus croire en rien, c'est déjà une croyance en soi. Un peu contradictoire, non? Les vrais oppresseurs intellectuels sont ceux qui démolissent toutes les croyances des autres au nom de ce principe absolu. Je ne leur accorde donc aucune attention.

Je crois que le bien et le mal existent, le vrai et le faux, le juste et l'injuste. Je crois aussi qu'on peut les distinguer par l'exercice de la raison, apprendre quelles actions mènent à l'un et à l'autre, et en convaincre ses voisins par l'exercice de la parole. Enfin je crois qu'il sera possible et nécessaire à terme d'ostraciser ceux qui refusent sciemment de se laisser convaincre, de les mettre hors-jeu, de les exclure aussi longtemps qu'ils persisteront dans leurs erreurs. Il est désagréable et dangereux de fréquenter le mal, le faux et l'injuste.

Si j'aspire à une certaine universalité, cela me contraint à croire en peu de choses. Il faut que ces choses s'appliquent tout autant à un Papou qu'à moi. Plus le programme est minimal, plus il sera à même de se diffuser. Il serait ridicule que j'essaie de convaincre tout le monde que le sexe des anges est masculin. Je me réduis donc à croire à quelques axiomes de base sur la condition et l'expérience humaine que les gens auront bien du mal à réfuter.

Mon approche est normative plutôt que positive. Le positivisme fonctionne bien dans les sciences de la nature, car la nature se prête à des expériences multiples et répétées. Ces expériences permettent de construire une théorie testable par d'autres expériences. Tôt ou tard, l'une de ces expériences réfutera la théorie. Alors il faudra en construire une nouvelle, et ainsi de suite.

Dans les sciences sociales, humaines et morales, cette approche ne fonctionne pas. L'homme ne se prête pas à l'expérience parce qu'il a un libre-arbitre. Mettez-le dans la même situation deux fois de suite, et il peut très bien décider de réagir d'une certaine manière la première fois, et d'une manière complètement différente la seconde. Rien que pour vous embêter.

Vouloir importer les méthodes positivistes dans les sciences humaines, c'est considérer les hommes comme des électrons. Il faut donc procéder de manière opposée et fonder une théorie normative précisément sur le fait que l'homme possède le libre-arbitre. Même les Papous seront d'accord qu'un être humain est capable de choisir délibérément ses actions.

A suivre...

Action humaine

La première phrase du chef d'œuvre de Ludwig von Mises, L'Action humaine (PUF, 1985), est d'une simplicité trompeuse. Cette petite phrase qui n'a l'air de rien suffit à fonder le seul système philosophique cohérent et réaliste. A première vue elle a l'air complètement évidente, et pourtant quand on y réfléchit bien la plupart de ce qu'on lit dans les journaux et qu'on entend à la télé est incompatible avec elle et donc faux.

C'est: "L'action humaine est un comportement intentionnel."

L'homme (au sens large, qui inclut la femme bien sûr...) est capable de prendre conscience de ses désirs, de formuler un objectif, de reconnaître son environnement, d'évaluer les moyens à sa disposition, de prendre une décision et d'agir.

Le groupe Chagrin d'Amour l'a exprimé plus crûment dans le titre de sa chanson: "Chacun fait c'qui lui plait".

Comme j'ai dit précédemment, c'est ce qui différencie l'homme de l'électron. C'est pour cela que tout système moral, social et politique doit se fonder sur le fait que l'homme exerce sa volonté librement en réponse aux conditions extérieures. Ignorer cette liberté de choix et d'action intrinsèque à la condition humaine, c'est ravaler l'homme au rang de la bête ou du robot sans conscience.

Pourtant les politiciens le font sans vergogne tous les jours! Quand ils défendent n'importe quelle mesure démagogique, ils font exprès d'ignorer la seule question d'importance: comment les gens vont-ils y réagir et adapter leur comportement? L'impact direct, le seul qu'ils mettent en avant, sera minuscule par rapport à l'impact indirect dû au fait que les gens adapteront leur comportement aux nouvelles conditions.

Par exemple: si on relève le SMIC de 10%, les employeurs vont réagir en n'embauchant pas les débutants et les gens sous-qualifiés, ce qui augmentera inéluctablement le chômage. Les employeurs sont des hommes comme les autres, et si ça coûte moins cher à leur entreprise de tourner en sous-capacité que de surpayer quelqu'un de peu productif, ils n'embaucheront personne. Nier ce fait, c'est nier la nature humaine.

Ce problème fondamental de l'incitation a provoqué la chute de l'URSS et de tous les systèmes communistes totalitaires. Quand on confisque la production individuelle, l'individu produit le moins possible. Le seul moyen d'y remédier est de recourir à la violence à grande échelle. En comparant le taux de croissance de l'URSS au nombre de personnes exécutées par an, on voit une corrélation positive de plus de 90%. Ce fut tout aussi évident dans le secteur agricole: l'URSS était au bord de la famine quand toute la terre était collectivisée, et la production alimentaire a immédiatement doublé le jour où juste 5% des terres arables ont été ouvertes à la propriété privée.

Le marxisme-léninisme a fait l'erreur fondamentale d'attribuer à une classe sociale, en l'occurrence le prolétariat, une volonté d'agir qui est en fait le propre de l'individu. Cette erreur s'appelle anthropomorphisme. Désolé de rappeler une évidence, mais seul l'homme possède un cerveau qui commande à son corps d'agir. L'homme qui va dîner à la pizzeria du coin plutôt qu'au restaurant chinois, la femme qui choisit un homme plutôt qu'un autre pour être le père de ses enfants, quelqu'un qui décide de travailler dans la finance au lieu de l'aéronautique, c'est ça qui fait tourner le monde, ma chère dame... Une collectivité n'est ni plus ni moins que la juxtaposition de volontés individuelles souveraines.

Ayant établi que la seule chose qui compte en ce bas monde est ce qui se passe dans la petite tête de l'homme au moment exact où il choisit une action plutôt qu'une autre ou qu'une inaction, comment progresser? En spécifiant ce qu'il doit choisir: un comportement généreux ou égoïste, matérialiste ou spirituel, émotionnel ou intellectuel, tourné vers l'immédiat ou le futur, frileux ou courageux, raffiné ou vulgaire, séduisant ou laid, frénétique ou léthargique? Que nenni! Ce serait gravement attenter à sa liberté de choix que de fourrer notre nez là-dedans... C'est précisément ce qui fait la beauté et l'universalité de la vision libérale que nous admettons tous ces choix sans en juger aucun. Certains seront généreux et d'autres seront égoïstes, le même homme pourra être matérialiste un jour et spirituel le lendemain, et ainsi de suite. La reine d'Angleterre Elisabeth I a dit fort sagement qu'il ne fallait pas "ouvrir les fenêtres de l'âme des hommes".

Alors que faire? La seule tâche qui reste est de caractériser les conditions de l'exercice de cette liberté. Par exemple, quels moyens un homme peut-il employer pour agir? A priori, il peut utiliser tout ce qui est à sa disposition, c'est-à-dire tout ce qu'il possède. Mais un homme a-t-il le droit d'utiliser les outils appartenant à un autre? Et après que l'action d'un homme a produit certains fruits, à qui appartiennent-ils? Tout ceci ouvre la question cruciale de la propriété privée.

A suivre...

Propriété privée

La nature de l'homme est d'être libre de choisir ses actions suivant les objectifs qu'il se donne et les conditions extérieures. Mais cette notion de liberté est complètement abstraite, voire inutile, si l'on ne précise pas quels moyens il peut employer à cette fin.

Le libéralisme implique-t-il que chacun est libre de faire n'importe quoi? Non, sauf si on est seul sur une île déserte. Dans le monde réel, tout le monde ne pourrait pas être libres de faire n'importe quoi en même temps, sinon ça provoquerait des contradictions. Si monsieur A veut blesser monsieur B et que monsieur B veut garder son corps intact, ils ne peuvent pas réussir tous les deux.

Il est donc essentiel de savoir où s'arrête le champ d'action de la liberté d'un homme donné et où commence celle de son voisin. Cette frontière définit la propriété privée de monsieur A par opposition à celle de monsieur B. Monsieur A est complètement libre de faire ce qu'il veut avec sa propriété privée, à condition qu'il n'empiète pas sur celle de monsieur B. Et vice-versa.

Premièrement, un homme possède son propre corps. Sinon il serait esclave, et non libre. Cela semble évident, et pourtant ce premier principe est bafoué tous les jours.

Si un homme veut injecter des drogues dans son corps, ça ne regarde que lui, puisqu'il possède son corps. Les libéraux demandent donc la légalisation immédiate de toutes les drogues. Ceci aurait pour conséquence heureuse de stopper les activités criminelles liées au trafic de drogue, et les revenus que les mafias tirent de ce trafic. Par exemple, il existe 751 cités d'immigrés en France où les trafiquants de drogue usent de leur argent, leur force et leur autorité pour empêcher les services de sécurité de pénétrer et de protéger les honnêtes gens. Ce phénomène disparaîtra complètement quand on achètera de la cocaïne au supermarché.

Tout aussi important, cela retirerait aux gouvernements leur meilleure excuse pour s'immiscer dans les affaires financières des gens normaux. En effet, la plupart des lois récentes entravant les mouvements internationaux de capitaux sont ostensiblement justifiées au nom de la lutte contre le blanchiment de l'argent de la drogue, alors qu'en réalité elles visent à empêcher les honnêtes gens de protéger l'argent acquis à la sueur de leur front contre les tentatives de prédation gouvernementale.

Deuxièmement, un homme possède le fruit de son labeur, créé par l'exercice de son corps, cerveau inclus. C'est pourquoi les soi-disant politiques de redistribution de la richesse sont vides de sens. Comme toute richesse a forcément été créée par quelqu'un, elle lui appartient. Il n'existe pas de richesse «détachée de son créateur» à redistribuer. Ce cas particulier illustre une maxime plus générale: la politique est l'art de spolier les producteurs.

Troisièmement, un homme peut acquérir les ressources qui n'appartenaient à personne en y mélangeant son labeur. Aux premiers temps de l'agriculture, si vous défrichiez un terrain vierge, y installiez votre ferme et y plantiez des poireaux, alors le terrain vous appartenait. Dans la vie moderne, cet exemple agricole n'est plus aussi pertinent, mais le principe demeure.

Quatrièmement, tout homme possède les biens qu'il a acquis par l'échange librement consenti avec d'autres. Un cas particulier est quand l'un des deux biens échangés est une certaine quantité de monnaie, auquel cas on parle d'achat ou de vente, et non de troc. Un autre cas particulier est quand on échange un bien contre un service, ou un service contre un autre. Un dernier cas particulier est quand on échange un bien ou un service contre rien du tout, auquel cas on parle de don. Tant que les deux parties impliquées dans l'échange sont consentantes, il n'y a rien à redire.

Cette théorie de la propriété privée est due au grand penseur des lumières John Locke (Second traité sur le gouvernement, 1690), que Voltaire a découvert et apprécié lors de son exil forcé en Angleterre. Elle est universelle et même les enfants de 3 ans la comprennent instinctivement. On l'appelle généralement la théorie des droits naturels.

Cette théorie permet de délimiter clairement ce qui est acceptable dans les relations sociales de ce qui ne l'est pas. Monsieur A est libre de faire tout ce qu'il veut avec ce qui lui appartient, à condition qu'il n'empiète pas sur la propriété de Monsieur B sans son consentement. Pour revenir à l'exemple du départ, Monsieur A n'a pas le droit de blesser Monsieur B à moins que ce dernier ne l'y ait préalablement invité. Néanmoins, au Royaume-Uni, même si Monsieur B demande à Monsieur A de le blesser (mettons qu'il soit masochiste), le juge les flanquera tous les deux en taule!

Violer les droits naturels est l'activité favorite de l'état.

A suivre...

Axiome de non-agression

Avoir clairement défini la notion de propriété privée nous permet d'énoncer l'axiome de non-agression tel qu'il fut popularisé par le philosophe libertarien Murray Rothbard dans son livre Pour une nouvelle liberté: le manifeste libertarien (1973).

Aucun individu ni groupe d’individus n’a le droit d’agresser quelqu’un en portant atteinte à sa personne ou à sa propriété. On peut appeler cela « axiome de non-agression », « agression » étant défini comme prendre l’initiative d’utiliser la violence physique (ou de menacer de l’utiliser) à l’encontre d’une autre personne ou de sa propriété. Agression est donc synonyme d’invasion, d’intrusion.

Pour être réaliste, il faut ajouter que la menace immédiate et tangible d'une agression constitue elle-même une agression. Pointer un revolver chargé sur la tête de quelqu'un en lui disant qu'on va tirer constitue une agression même avant que la balle ne jaillisse du canon. Par contre, simplement se balader dans la rue avec un revolver visible à la ceinture ne constitue pas une menace en soi: c'est une mesure de précaution élémentaire contre le risque d'une attaque inattendue. Les libéraux sont bien sûr favorables au port d'armes. On ne peut être vraiment libre que si chacun stocke en permanence chez lui un fusil d'assaut et une caisse de munitions comme en Suisse.

Une fois que quelqu'un s'est rendu coupable d'agression, sa victime a le droit d'utiliser la violence pour le neutraliser, réparer les dégâts et extraire une compensation proportionnée à l'agression.

Par exemple, si je vois Pierre mettre la main dans la poche de Paul dans la rue, lui subtiliser son portefeuille et partir avec, je ne peux pas savoir a priori qui est l'agresseur et qui est la victime. Peut-être ce portefeuille appartenait-il à Pierre et ce dernier ne faisait-il que récupérer le bien volé par Paul la veille? Donc le vol et la violence peuvent être justifiés ou pas, suivant qu'ils constituent une initiation ou une réparation. C'est pour cela que l'axiome de non-agression dépend si intimement de la définition correcte des droits de propriété.

Même après que les dommages sont réparés, la victime peut continuer à user de la violence légitime pour extraire une compensation à condition que celle-ci soit proportionnelle à l'offense. Si un adolescent vient chez vous et crache son chewing­-gum par terre, vous pouvez le lui faire nettoyer (réparation). Comme compensation proportionnée, vous pouvez en plus le forcer à descendre la poubelle de la cuisine dans le vide-ordure, mais pas lui briser les os d'un doigt à coups de marteau.

Passer un contrat ou accord avec quelqu'un puis, le moment venu, ne pas respecter sa part du marché constitue du vol, c'est-à-dire l'initiation d'une agression contre la propriété privée de l'autre.

Affecter la valeur de la propriété de quelqu'un sans intrusion physique sur sa propriété privée ne constitue pas une agression. Si j'ouvre une boulangerie qui vend du meilleur pain que le vieux boulanger du coin et que tous ses clients le désertent, je ne lui ai pas volé son fonds de commerce. Si quinze bordels s'ouvrent dans ma rue et que mon quartier acquiert une réputation un peu olé-olé, cela affectera sans doute négativement la valeur de revente de ma maison familiale, mais cela ne constituera pas une agression me donnant droit à réparation et compensation. Profitons-en pour noter au passage que les libéraux ne sont pas plus opposés à la prostitution qu'à n'importe quel autre échange entre parties consentantes.

Par contre la plupart des activités de l'état violent l'axiome de non-agression. L'impôt, par exemple, est un vol initié avec le soutien de la force publique (juges, gendarmes et prisons). Le service militaire obligatoire, même en temps de guerre, est de l'esclavage. Les policiers qui font appliquer les lois contre la consommation de drogue, le port d'armes et la prostitution sont autant d'agresseurs impunis.

Aussitôt énoncé l'axiome de non-agression se pose la question des arrangements les mieux à même de le faire respecter à moindre coût (en ressources, en temps, en sang). Ne soyons pas naïfs, la nature humaine n'est pas complètement innocente: il peut sembler à certains plus tentant de voler les biens produits par leurs voisins que de faire l'effort de les produire eux-mêmes. Mais il devrait commencer à être évident que l'état, qui se présente hypocritement comme garant de l'ordre et de la justice, est en fait la pire des institutions imaginables pour faire respecter l'axiome de non-agression.

A suivre...

L'état

Les libéraux classiques de l'école française du XIXème siècle pensaient que les seules fonctions de l'état étaient: 1) de garantir les droits de propriété, c'est-à-dire la liberté pour chacun de faire ce qui lui plaît tant qu'il n'empiète pas sur son voisin, et 2) de faire respecter l'axiome de non-agression.

Pour un temps l'état s'est peu ou prou cantonné à ce rôle, surtout aux Etats-Unis jusqu'à la guerre de sécession (1861) et en Angleterre jusqu'à la première guerre mondiale (1914). Même en France, sous la Restauration le gouvernement Dessolle de 1819 était constitué exclusivement de ministres libéraux. L'on pensait alors qu'une certaine tradition conservatrice, la séparation des pouvoirs et la peur de la tyrannie suffiraient à confiner l'état dans son rôle de "veilleur de nuit".

Un seul coup d'œil à la situation actuelle prouve combien cet espoir fut vain. L'état est partout. Les états ont tué plus de 140 millions de leurs propres citoyens au XXème siècle, hors guerres mondiales. L'état détourne plus de 50% de la richesse produite annuellement par ses sujets, contre moins de 10% au XIXème siècle. Ronald Reagan a bien résumé la philosophie de l'état moderne:

Si ça bouge, taxez-le. Si ça continue de bouger, régulez-le. Si ça arrête de bouger, subventionnez-le.

Le pire c'est que les gens trouvent ça normal. Pas étonnant quand on sait que les enfants apprennent le concept de liberté dans des écoles qui appartiennent à l'état ou dont le programme est écrit par l'état: le lavage de cerveau est total.

Les producteurs d'idées, enseignants et professeurs d'université, mais aussi journalistes, vedettes de la télé et de la radio, artistes, soi-disant experts et commentateurs, écrivains, sont globalement en cheville avec l'état pour contrôler la pensée de la masse. Ils font semblant de s'affronter ostensiblement, de se déchirer sur des points de détail, pour mieux masquer une connivence de fond sur la nécessité, la noblesse et la genérosité du rôle de l'état. C'est exactement comme le clergé de l'Ancien Régime qui répétait à la populace que le monarque régnait de droit divin. C'est pour cela qu'ils exècrent le libéralisme, qu'ils le vilipendent, le déforment et le détournent: la seule chose qui leur fait vraiment peur, ce serait que les gens apprennent à penser par eux-mêmes et à réclamer leur liberté confisquée.

La condition de l'homme moderne est celle des prisonniers dans l'allégorie de la caverne de Platon. Le libéral est celui qui a réussi le premier à se détacher de ses chaînes.

Comment en est-on arrivé là ? Les libéraux classiques ont fait une erreur fatale, celle de croire que le meilleur arrangement pour faire respecter la liberté, la propriété et l'axiome de non-agression est de confier cette mission à l'état. En fait c'est le pire des arrangements.

En effet l'état est une agence définie par deux caractéristiques. Premièrement, l'état détient le monopole de la décision ultime (juridiction) sur un territoire donné, monopole qu'il fait respecter par la force. C'est-à-dire qu'il est l'arbitre ultime dans chaque conflit, y compris les conflits où il est partie prenante. Deuxièmement, l'état détient le monopole territorial de la taxation. C'est-à-dire qu'il fixe de manière unilatérale le prix que les citoyens doivent payer pour la production de la loi et de l'ordre.

De manière prévisible, si on ne peut faire appel qu'à l'état pour obtenir justice, la justice sera systématiquement biaisée en faveur de l'état. Au lieu de résoudre les conflits, l'agence qui détient le monopole de la décision ultime provoquera des conflits afin de les régler en sa faveur. Pire, alors que la qualité de la justice baissera du fait de cette situation de monopole, son prix augmentera. Motivés comme tout le monde par leur intérêt propre mais doués du pouvoir de taxer, le but des agents de l'état est toujours le même: maximiser leurs revenus et minimiser l'effort productif.

(Par parenthèse, la notion que les agents de l'état sont motivés par leur intérêt propre comme tous les autres agents économiques est devenue tellement indiscutable que le prix Nobel d'économie 1986 a récompensé James Buchanan, le fondateur de la théorie des "choix publics" qui est toute entière basée sur cette notion. En France il suffit de voir les syndicats des services publics manifester pour extorquer toujours plus d'argent et d'avantages aux contribuables, souvent en prenant en otage ces mêmes contribuables qui sont aussi utilisateurs des transports en commun, pour s'en rendre compte.)

Interdire aux gens de se fournir chez un concurrent permet de fixer un prix supérieur à la valeur du service rendu, donc c'est du vol. Il ne fallait pas demander à ce voleur qu'est l'état de garantir vos droits de propriété...

De même, détenir le monopole territorial de l'usage de la force permet de rentrer par effraction chez les gens sous toutes sortes de prétextes (lutte contre la prostitution, la possession de drogue, d'armes à feu), donc c'est une agression. Il ne fallait pas demander à cet agresseur qu'est l'état de faire respecter l'axiome de non-agression...

Il était inévitable que l'état ne se cantonne pas dans son rôle de "veilleur de nuit" bien longtemps. Il a utilisé les pouvoirs qu'on lui avait confiés pour voler et asservir ceux-là même qui lui avaient confié ces pouvoirs.

Cette démonstration a été avancée pour la première fois par le plus lucide et le plus cohérent des libéraux classiques, Gustave de Molinari, dans les Soirées de la rue Saint-Lazare (1849), plus précisément dans sa "Onzième Soirée". Malheureusement son œuvre visionnaire n'a pas eu l'impact politique qu'elle méritait. Il a fallu attendre les années 1970 pour qu'elle soit reprise et développée par certains économistes de l'école autrichienne, là encore les plus lucides et les plus cohérents. Un exemple récent est le dernier article de Hans-Hermann Hoppe fustigeant l'intervention américaine en Irak, bel exemple d'une démocratie causant la mort de 655 000 personnes qui ne l'avaient pas préalablement agressée ni directement menacée.

En somme, les bâtiments publics sont les casernes d'une armée d'occupation qui passait par là et qui, au lieu de continuer son chemin pour aller piller les producteurs d'à-côté comme le faisaient jadis les tribus de guerriers nomades, a trouvé plus confortable de s'installer sur place pour piller le même groupe de producteurs jusqu'à la fin des temps. On appelle ça la théorie du "bandit stationnaire".

C'est assez évident dans le cas de la conquête brutale d'un état par une bande d'envahisseurs. Un seul coup d'œil à la Tour de Londres bâtie par Guillaume le Conquérant pour exploiter sa victoire d'Hastings (1066) suffit pour s'en convaincre. Dans le cas d'un état démocratique moderne, c'est exactement pareil.

A suivre...

Démocratie

Tant qu'il y aura un état, celui-ci abusera de sa force. Que ses dirigeants soient choisis héréditairement comme en monarchie, par vote comme en démocratie, ou même par tirage au sort n'y change strictement rien.

Si tant est que le mode de désignation de ceux à la tête de l'état puisse influer sur le caractère plus ou moins nocif de cet état, le mode démocratique est particulièrement déviant et dégénéré, comme le pensaient déjà Aristote et les révolutionnaires américains signataires de la déclaration d'indépendance de 1776.

La référence absolue dans ce domaine est l'excellent livre de Hans-Hermann Hoppe intitulé Democracy : The God that Failed (2001) qui a été traduit en allemand, polonais, italien, coréen et espagnol, mais malheureusement pas encore en français. On ne saurait trop le recommander, c'est un livre qui ouvre les yeux.

Un des problèmes majeurs en démocratie est que chacun peut avoir une chance d'entrer dans l'appareil d'état, soit en passant un concours de fonctionnaire, soit en se présentant à une élection. Cette caractéristique affaiblit considérablement la résistance naturelle des individus contre l'accroissement du pouvoir de l'état à leurs dépens, car ils se disent qu'eux aussi (ou leurs enfants) pourront peut-être un jour passer du bon côté de la barrière pour en profiter. Quand le roi envoyait ses collecteurs d'impôts cela donnait souvent lieu à des émeutes, parce qu'on percevait bien la différence entre la classe des exploiteurs et celle des exploités, mais maintenant cette perception est brouillée.

Une autre implication est que ce processus de recrutement ouvert dans l'appareil étatique permet de sélectionner scientifiquement parmi un large éventail de candidats les moins scrupuleux, les plus adeptes à manipuler les foules et à leur faire avaler n'importe quelle couleuvre. Plus un roi était incompétent et plus ses sujets étaient ingouvernables donc libres, et par accident génétique il y eut beaucoup de rois incompétents. Mais un président de la république élu à l'issue d'une compétition impitoyable ne peut être qu'extrêmement habile dans l'art de tondre les moutons-contribuables sans que ces derniers ne renâclent trop.

De plus, les échéances régulières de mandat font que les dirigeants des pays démocratiques ont forcément une courte vue. Ils ne peuvent pas léguer le pays à leur fils, contrairement aux rois, donc n'ont aucun intérêt à l'améliorer pour le long terme. Au contraire, à chaque occasion de sacrifier les perspectives de long terme d'un pays pour leur intérêt personnel immédiat, ils le feront.

De toute façon il n'y a rien de magique dans la notion de majorité: le fait que 50,1 % des votants choisissent un candidat ne leur donne pas le droit de l'imposer aux autres 49,9%. Les hommes politiques eux-mêmes le savent bien, puisqu'à l'échelon de l'union européenne tout affaiblissement de la règle de l'unanimité est qualifié d'atteinte à la souveraineté nationale: c'est le droit pour une coalition de pays étrangers d'imposer à la France une mesure à laquelle elle ne consent. Cela prouve bien que la démocratie n'est rien d'autre que la tyrannie de la majorité.

En plus il faut souligner que cette majorité artificielle n'est atteinte qu'en limitant les choix des électeurs: si on comptait les abstentionnistes et si on laissait tous les candidats en lice, personne ne récolterait plus de 10%. Même parmi ces 10%, il y aura très peu d'électeurs qui seront d'accord avec toutes les mesures prises par le président durant son quinquennat. Ça fait beaucoup de cocus...

Une caractéristique particulièrement scandaleuse du suffrage universel est que ceux qui vivent du budget de l'état (fonctionnaires, élus, RMIstes et chefs de grosses entreprises recevant des subventions publiques) ont le droit de voter pour choisir le montant du budget de l'état. Chaque être humain agissant pour son intérêt tel qu'il le voit, ils vont avoir systématiquement tendance à voter pour augmenter la taille du budget, puisqu'ils y puisent plus qu'ils n'y versent. C'est comme si dans une ruelle mal famée à la tombée de la nuit deux bandits et une victime votaient démocratiquement à la majorité pour déterminer le montant et la direction de la redistribution à effectuer. Ce vote ne saurait maquiller le fait que c'est du vol pur et simple. La moindre des choses, donc, serait de supprimer immédiatement le droit de vote aux fonctionnaires et à tous ceux qui puisent dans le trésor public plus qu'ils n'y versent.

Le système actuel n'est d'ailleurs qu'un succédané de démocratie car il refuse au nom de la souveraineté nationale le premier des droits démocratiques: celui de faire sécession. Si une communauté territoriale de quelque taille que ce soit (région, département, commune, pâté de maisons) votait démocratiquement pour se séparer de la France, et prenait des mesures pratiques pour mettre en œuvre cette nouvelle indépendance, la France enverrait ses chars d'assaut. Alors qui détient vraiment le pouvoir, les Français ou la clique qui les gouverne?

Au début de la République Française en 1792, le suffrage censitaire garantissait un minimum de rationalité au processus politique. Quand seuls ceux qui possèdent des maisons et des terrains (dont ils ne veulent pas voir la valeur chuter) et qui paient l'impôt élisent les gouvernants, ces derniers auront moins tendance à faire n'importe quoi. Mais une fois le virus de la démocratie injecté, il se propage par le mécanisme suivant: tout homme politique ambitieux a intérêt à se faire le champion de l'extension du droit de vote, car les nouveaux votants qu'il aura inclus lui seront reconnaissants et devraient voter pour lui. A terme, tout le monde pourra voter, même ceux qui n'ont aucune raison de mettre leur bulletin de vote au service de l'intérêt général. Hans-Hermann Hoppe l'illustre brillamment dans son article intitulé A bas la démocratie:

Imaginez qu'aux États-Unis on étende le droit de vote aux enfants de sept ans. Le gouvernement ne serait peut-être pas composé d'enfants, mais ses politiques, selon toute probabilité, refléteraient le "souci légitime" des enfants de disposer d'un accès "suffisant" voire "égal" à des hamburgers, des limonades et des vidéocassettes "gratuits".

C'est ainsi qu'après 1792 on a rabaissé le critère d'impôt minimum à payer pour avoir le droit de vote, puis on l'a étendu à tous les hommes, puis à toutes les femmes, et que Valéry Giscard d'Estaing a réduit l'âge minimum de 21 ans à 18 ans. Et au fil du temps tous ces "progrès" ont inévitablement accentué la propension de l'état à accaparer et redistribuer la richesse créée par les producteurs.

A suivre...

Redistribution

Une des caractéristiques les plus funestes de la démocratie est sa tendance inéluctable à redistribuer les richesses de ceux qui les ont produites vers ceux qui ne les ont pas produites. Comme je l'ai déjà noté, un seul mot décrit correctement ce phénomène: c'est le mot "vol".

Dès l'antiquité, la raison pour laquelle Aristote voyait dans la démocratie une forme de gouvernement déviant et dégénéré est parce qu'elle a pour but le seul intérêt des pauvres au détriment de l'intérêt général de la société toute entière. Par exemple le taux d'imposition progressif, où les riches paient un plus gros pourcentage de leurs revenus que les pauvres, était une idée révolutionnaire avancée par Karl Marx et Friedrich Engels dans le Manifeste du Parti communiste de 1847 - maintenant c'est banal. Il est fascinant de voir comment cette redistribution qu'on savait bien être du vol il y a un siècle et demi est aujourd'hui considérée comme acceptable par les bien-pensants.

Outre le problème moral, je m'insurge contre cette manie redistributrice, fléau de la société occidentale moderne, en détaillant ses trois coûts: 1) elle réduit l'incitation des éléments les plus productifs à travailler plus et mieux en les privant du fruit de leurs efforts; 2) elle réduit l'incitation des éléments les moins productifs à faire l'effort de s'en sortir par leurs propres moyens en récompensant leur négligence; 3) elle détourne des activités productives la caste des fonctionnaires chargés de mettre en place le processus de redistribution et qui en profitent pour se sucrer au passage. Clairement l'implication conjuguée de ces trois effets est que, plus il y a de redistribution, moins il y a de richesses créées, et plus les gens s'appauvrissent relativement à ce qu'ils auraient pu réaliser en l'absence de redistribution.

J'ajoute que la charité, la générosité sont des impulsions humaines innées qu'on retrouve dans toutes les sociétés, des plus primitives aux plus avancées. Par exemple les Américains sont dix fois plus généreux que les Français. Le principe de l'action humaine dit que chacun agit dans son intérêt tel qu'il le définit lui-même au sens le plus large, et pas seulement au sens strictement matérialiste, ce qui inclut souvent le plaisir de donner à l'autre. Donc penser qu'en l'absence de solidarité imposée par l'état il n' y en aurait aucune est parfaitement idiot. Il y en aurait une, elle serait juste de nature et de niveau différents. Mais qui peut dire quels sont la nature et le niveau "corrects" de générosité? La redistribution de 2% des revenus? De 15% ? 50% ? Personne ne sait, et surtout pas l'état. Comme la volonté de donner ne peut venir que du cœur de l'homme, il n'existe aucun point de référence objectif pour en juger. Le seul niveau optimal est celui qui n'est pas forcé. Il faut laisser les gens donner ce qu'ils veulent à qui ils veulent, car toute coercition dans ce domaine en particulier est horrible. Souvenons-nous que la différence entre le don de soi qui est librement consenti et celui qui ne l'est pas est cruciale: c'est la différence entre faire l'amour et être violée.

Finalement je dois montrer du doigt l'échec spectaculaire du pays qui avait porté le principe de la redistribution des richesses à son paroxysme en nationalisant pratiquement tous les moyens de production: l'URSS. Le système communiste s'est effondré en 1989 parce qu'il a grippé le mécanisme naturel d'ajustement des prix par le libre jeu de l'offre et de la demande, étouffant les signaux de rareté ou d'abondance diffusés à travers toute l'économie par les prix qui montent ou qui baissent en temps réel, empêchant ainsi toute coordination entre les multiples intervenants, tout calcul de la manière la plus économe en ressources rares de produire tel ou tel bien, exactement comme l'avait prévu Ludwig von Mises juste trois mois après la prise du pouvoir par Lénine.

A suivre...

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